Il est en effet
temps de dénoncer le plus grand scandale mondial de France des trois derniers
millénaires depuis longtemps.
Tout d'abord,
cessons une fois pour toute d'attribuer cette tour à Gustave Eiffel. Il n'en est
en rien le créateur. Il a tout simplement piqué l'idée à deux jeunes artisans
ingénieux.
Récapitulons
les faits:
Au début, il y
avait les dinosaures. Puis tout est mort, tout a pourri, tout s'est transformé
en pétrole, lequel fut ensuite découvert par les Américains.
C'est la ruée
vers l'or noir. Les fortunes se constituent et l'appât du gain est de plus en
plus fort.
Un Américain,
dont nous tairons le nom, car nous ne le connaissons pas, contacte Gustave
Eiffel pour savoir s'il y a du pétrole en Europe. Il lui promet une bonne
commission en cas de réussite.
Gustave, qui est
d'une vénalité sans limites se met aussitôt à prospecter.
Mais Gustave est
aussi d'une flemme sans limites.
Le rusé Gustave
se dit alors: "Plutôt que de faire des tas de forages en tout plein
d'endroit différents, je vais en faire un seul, très gros et tout prés de chez
moi, comme ça je mettrais pas long pour aller au boulot !"
Gustave voit
immédiatement la faille de son plan. Comment faire un forage en plein Paris
sans se faire mal voir de sa concierge qui ne s'éclaire qu'à la bougie et, de
ce fait, déteste le pétrole.
Pour méditer et
trouver une solution, Gustave doit s'éloigner de la concierge qui lui envoie
des ondes négatives.
Deux jours plus
tard. Toulouse, le 18 septembre 1884, 16 h 32.
Gustave sort
d'une auberge en titubant. Il vient de faire une longue méditation à base de
cassoulet, foie gras et cou d'oie farci.
Tranquillement,
il regagne son hôtel en rampant dans le caniveau, quand soudain sa tête heurte
une poubelle qui se renverse sur lui. D'un œil hagard, il constate qu'il est
couvert de trognon de pomme.
Le nez au raz du
sol, il flaire une piste et se rapproche de l'entrée d'un garage tout proche.
Il se hisse jusqu'au trou de serrure et
aperçoit, au fond de la pièce, les deux suspects, penchés sur une table. À côté
d'eux, sur le sol, des cageots de pommes.
Ce sont les
jeunes Koechlin et Nouguier, qui travaillent depuis plusieurs mois sur leur
prototype. Ils n'ont pas beaucoup d'argent et ne se nourrissent que de pommes.
(d'ailleurs, leurs voisins facétieux les appellent: les goldens boys).
Soudain, les
deux jeunes s'éloignent de la table et laissent voir l'objet sur lequel ils
étaient penchés. Dans une lumière irréelle et aveuglante apparaît une superbe
lampe de chevet aux formes élancées et entièrement réalisée en allumettes. Les
quatre pieds finement ouvragés se rejoignent en un même point qui supporte le
chapeau diffusant la lumière de la lampe. C'est un objet d'une grande beauté
esthétique.
Gustave a un choc
en la voyant. Cette apparition est pour lui une révélation.
"Bon sûr,
mais c'est bien sang !" se dit-il. "Voilà la solution à mon
problème".
"Il faut
que je dépose le brevet avant eux !".
Sitôt dit, il se
rue en titubant vers la gare SNCF la plus proche.
Il saute dans le premier train qui démarre
aussitôt en faisant crisser ses roues.
Pressentant
qu'il aurait besoins quelques années plus tard de rentrer dare-dare à Paris, le
machiavélique Eiffel avait pris soin de faire construire des ponts et viaducs
de chemin de fer sur le trajet du train.
Une fois le
brevet déposé à son nom, Gustave fait une proposition au maire de Paris pour
l'exposition universelle de 1889.
Une gigantesque
lampe de chevet de 300 mètres de haut pour éclairer le tout Paris by night.
Le projet
enthousiasme le maire qui n'en est pas à une connerie près.
Gustave exulte.
Sous le prétexte fallacieux d'éclairer la capitale, il va pouvoir construire sa
tour de forage géante pour creuser le sol de Paris, sans attirer l'attention.
Le chantier
commence. Il va durer 26 mois au cours desquels des bruits commencent à courir
sur l'honnêteté de Gustave. Il semblerait que les informations partent de la
loge d'une concierge.
Tout à coup, le
scandale éclate au moment ou on allait placer l'ampoule et le chapeau de la
lampe géante.
Les journaux
affichent sur cinq colonnes:
"Gustave Eiffel est à la solde des
Américains".
En ces temps de
nationalisme exacerbé, cela ne pardonne pas.
Le chantier est
arrêté. Le monde entier apprend que c'est en réalité une tour de forage.
Pour ne pas être
éclaboussés par le scandale, Koechlin et Nouguier n'ont jamais revendiqué la
paternité de la lampe.
Depuis plus de
100 ans, afin que personne n'oublie et pour montrer aux petits enfants ce qu'il
ne faut pas faire, on a stigmatisé le monument en l'appelant: LA TOUR EIFFEL.
Aujourd'hui, les
arrières-petits-enfants de Koechlin et Nouguier, au pied de la tour essaient
tant bien que mal d'écouler les stocks de lampes de chevet de toutes tailles,
fabriquées par leur arrière-grand-père.
C'est très
triste !
Skar
Texte : Skar.
Illustrations : Nicolas Malherbe