(8 Juillet)

 

JURASSIC FOOT

The Lost Team

 

 

42^e Jour d'enfermement pour l'équipe de Bécon-les-Bruyères dans les sous-sols du Stade de France.

 

Résumé de l'épisode précédent :

Inconscient des drames existentiels qui se jouent dans le local, Gilberto est reparti pour creuser jusqu'à la mort et Peggy lance la mode du home-nu-intégral.

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Trônant sur la table centrale, la bombe à retardement d'Adolphe continue à égrener les secondes. Personne ne s'en occupe. 

 

Nus tels des vers, repoussant de saleté et complètement affamés, les membres de l'équipe ne conversent presque plus.

Les rares dialogues sont lourds de signification quant à leur état mental.

 

Assis par terre, se grattant l'oreille avec la patte gauche, Roulette entame le débat.

Roulette : Frrrrrrrtttt, clic clic, 421, ngueuneu !

Ce à quoi JT lui répond en épouillant consciencieusement son camarade.

JT : Flllptt, flllpt, scandale financier à, flllptt, flllpt, la lessive qui, flllpttttt, top 50, flllptttttttttttt.

…bien, cher Patrice, il faut dire que, ici à Marseille, le score de l'équipe du Bouglouk nous a bien déçu. Il faut dire aussi que l'entraîneur a dormi tout le match, à cause de la pantagruélique bouillabaisse qu'il s'était tapée au déjeuner. Tout à fait… ffflllpttt.

Gras Double, qui ne semble pas d'accord, prend à son tour la parole tout en reniflant la jambe de Roulette.

Gras-Double : Groumpf, aaaaarg groff groff, hang outch slurp !!! 

 

Dans un autre coin du local, Arthur et Adolphe, à quatre pattes, jouent avec un ballon en le tirant avec la bouche, chacun de leur côté.

 

Gras-Double saute soudain sur Roulette et le mord violemment au mollet. JT réplique aussitôt en mordant l'oreille de Gras Double. Roulette, qui voit passer le pied de JT, y plante aussitôt ses crocs.

Sur ces entrefaites, Adolphe lâche le ballon, saute sur le tas et mors tout ce qu'il peut saisir.

 

Très philosophe, Arthur préfère ignorer le pugilat et, dans son coin, se suce consciencieusement l'orteil gauche.

 

Alertée par les hurlements bestiaux, Peggy sort de la douche et pousse une gueulante pour calmer le troupeau.

Avec des mots simples afin qu'il comprenne, elle demande à Arthur de faire quelque chose pour calmer la faim de l'équipe.

 

Semblant avoir compris, Arthur se dirige vers une partie de mur encore vierge de hiéroglyphes et commence à graver.

 

Deux heures plus tard, à l'heure du repas, toute l'équipe est sagement assise par terre, face au mur.

En bavant copieusement, tous regardent la gravure représentant un plat contenant un poulet garni de frittes.

 

Le repas finit, avant de s'endormir, Peggy coince le pied de la table dans la bouche de JT pour éteindre la radio pendant la nuit.

 

                                                                                                Skar

 

 

 

(10 Juillet)

 

 

44^e Jour d'enfermement pour l'équipe de Bécon-les-Bruyères dans les sous-sols du Stade de France.

 

Résumé de l'épisode précédent :

Quand le temps ne sera plus à la parole, mais aux actes de sauvagerie, l'art nourricier finira par émerger de toute cette bestialité. (épître de Bidule à Machin)

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Peggy appelle régulièrement Gilberto par l'entrée du tunnel, mais aucune réponse ne revient jamais.

Pour occuper son temps libre, elle discute avec Gertrude ou apprend des tours de cirque aux autres membres de l'équipe.

Avec Arthur, apparemment plus doué que les autres, elle est arrivée, à force de patience, à obtenir une station droite sur ses pattes arrière. 

 

Mais cette victoire est de courte durée et ce qui était autrefois l'entraîneur revient vite à son état primitif au milieu de ses congénères.

 

La meute se rassemble dans un coin de la pièce et regarde Peggy avec un air bizarre. À pas de loups, ils s'avancent vers elle en la regardant fixement.

Peggy voit bien, d'après leur état d'excitation, qu'ils ne sont pas enclins à discuter philosophie.

 

Elle saisit prestement un fouet qu'elle s'est confectionné avec des morceaux de tissu retrouvés dans les gravats du tunnel.

Elle le fait claquer au-dessus des têtes pour repousser les ardeurs bestiales des hommes bêtes qui l'encerclent.

Les babines retroussées, le poil hérissé, les bêtes grognent, mais restent à distance.

 

Une petite alarme sonore se déclenche soudain dans la bombe d'Adolphe.

La meute hurle à la mort.

Intriguée, Peggy s'approche et constate avec horreur que l'explosion va se produire dans les minutes qui suivent. Conservant son sang-froid, elle réfléchit à toute vitesse.

 

Tel un dompteur professionnel, avec force cris et coups de fouet, elle rassemble les bêtes dans les toilettes pour les protéger de l'explosion imminente.

 

Puis elle s'approche de la table, saisit la bombe avec d'infinies précautions et la place au pied de la porte murée du local.

 

Ce dernier travail accompli, elle récupère Gertrude et grimpe au sommet de la pyramide vivante des toilettes pour se protéger elle aussi.

 

L'entassement des corps nus dans le volume exigu des toilettes fait penser à une jolie masse de nouilles flasques.

Le silence dramatique est seulement troublé par la voix radiophonique de JT qui se met en route et émerge du tas de chair.          

Criiiizzzzz ..... match........... finale............... fin......... criiioutch !

 

Devant la porte murée, la bombe égrène les dernières secondes.

 

Tout le monde retient son souffle ( à cause de l'odeur de fauve qui règne dans les toilettes).

 

 

           Skar

 

 

(13 Juillet)

 

 

JURASSIC FOOT

The Lost Team

 

 

 

 

"Science et vie"

Les chaînons manquants retrouvés.

 

L'énigme fondamentale de l'origine de l'humanité vient de faire un grand pas vers sa résolution définitive.

Tout comme d'autres fossiles vivants tels que le dragon de Comodo,  le Cœlacanthe,  le monstre du Loch Ness ou Line Renaud, les chaînons manquant de l'humanité humaine viennent d'être découverts.

Ils vivaient dans une cavité souterraine à deux pas sous la civilisation. Les murs de la cavité, couverts de graffitis cunéiformes, tendraient à prouver que ces êtres primitifs ont développé une sorte de langage embryonnaire.

Morphologiquement, les primates en question sont étrangement proches de l'homme moderne, mais certaines caractéristiques qui ne trompent pas, les rattachent de manière évidente à l'ordre des Ramapithecus de l'aire géologique du Cénozoïque.

 

Les scientifiques du monde entier attendent fébrilement l'autopsie du premier primitif pour  découvrir de nouveaux éléments importants.

 

 

"Libération"

Une  bombe terroriste explose dans les sous-sols du Stade de France.

 

L'attentat politique tant redouté que nous attendions tous est arrivé.

Il n'a été revendiqué par aucun groupuscule connu.

L'explosion à permis de mettre à jour le refuge d'une troupe de suspects potentiels qui semblent d'une nationalité inconnue. Comme par hasard, ils n'avaient aucun papier sur eux.

 

D'après le ministère de l'Intérieur, étant donné le climat social français en ce moment, l'extradition ne va pas être facile.

 

 

 "La vie des bêtes" 

Seule parmi les bêtes.

 

Une jeune femme, terriblement amaigrie, affirmant s'appeler Peggy de Larochefoucault et être Pom-pom-girl de profession, prétend que les êtres primitifs qui l'accompagnaient étaient, à l'origine, les membres de l'équipe de foot de Bécon-les-Bruyères.

Il est fort probable, d'après les déductions de la police que la pauvre femme a subi un grave préjudice mental dû à sa triste expérience de contact prolongé avec la vie primitive.

 

La vérité est qu'elle a été séquestrée, d'une manière encore inconnue, par les hommes des cavernes du stade, pour assurer leur reproduction. Ils avaient vraisemblablement mangé les précédentes femelles.

 

La jeune femme espère maintenant oublier cette triste expérience et se lancer dans l'élevage des taupes.