JURASSIC
FOOT
The Lost
Team
(24 juin)
28e Jour d'enfermement pour l'équipe de
Bécon-les-Bruyères dans les sous-sols du Stade de France.
Résumé de l'épisode précédent :
Dans le local, la barbe est très tendance cet été chez les joueurs, mais la
moutarde leur monte facilement au nez.
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À la lueur des bougies, les membres de l'équipe errent, tels des zombies,
dans le local de 20 mètres carrés. Barbus, hirsutes et sales, le dos voûté, les
mains traînant sur le sol, l'ambiance n'est pas pétante de joie.
Peggy essaie de remonter le moral de tout le monde en proposant de jouer à la
marelle.
Après une heure de jeu à sautiller dans tous les sens, tout le monde est
épuisé.
Affalé sur le sol, haletant, JT profite de la pause pour transmettre les
dernières infos sur la coupe.
Les Anglais ont été battus par la Roumanie. Il faut dire que, la veille, les
zélés policiers français, en les entendant parler en étranger, les ont pris pour
des hooligans et les ont fait passer la nuit au poste. De plus, l'exiguïté de la
cellule ne leur permettait que peu de peaufiner leur entraînement, notamment
lors des passes longues.
Roulette propose de lancer de nouveaux paris, ce qui, après la marelle,
semble une activité plus reposante pour tout le monde.
L'enjeu du pari est de deviner le nombre de scandales liés à l'organisation
de la coupe que l'on va découvrir après la finale.
Gras-Double fait remarquer qu'ils ont déjà parié virtuellement tous leurs
biens propres.
Gilberto se lance néanmoins le premier.
Gilberto : Moi yé pari la pyramide do Chéops.
Roulette : T'es de la famille à Chéops ? Toi !
Gilberto : No ! Mais après qu'on aura gagné la coupe, on aura télément
dé pognon qu'on pourra sé payer tout cé qu'on voudra.
JT : Ah bon ! Si tu le prends comme ça, moi je parie les chutes du
Niagara. J'investirai mon argent dans le liquide touristique.
Arthur : Moi j'achèterai la réserve d'or de la banque de France. Comme
ça, plus de problèmes de découverts. Je parie huit tonnes d'or à 18 carats.
Peggy : Moi je parie les Bahamas. Y a des cocotiers. J'aime bien le
punch coco.
Adolphe : Moi la Chine. Les salauds, ils ont jamais voulu me donner le
visa pour visiter. Je vais acheter tous les visas et le pays qui va avec. C'est
bien fait pour eux !
Gras-Double : Moi la Russie. Mon arrière grand-père a employé pendant
des années un jardinier qui était immigré russe. Ce pays me revient donc de
droit.
Roulette : Moi, j'ai chez moi un morceau de météorite. Avec l'argent
qui va me tomber, j'achète une planète. Ce sera sans doute la lune
parce que c'est plus près, donc plus pratique pour l'école de mes futurs
enfants. Je parie la lune.
Arthur : Mais c'est vrai ! J'y pense maintenant que tu le dis. J'ai
toujours rêvé de Saturne. Bon ! Je rajoute un quart d'anneau à ma mise de
départ.
Peggy : Mais, M'sieur Arthur, si vous découpez un morceau d'anneau, il
va tomber dans le vide !
Gras-Double : C'est pas grave, y a personne à côté !
(26 juin)
30e Jour d'enfermement pour l'équipe de
Bécon-les-Bruyères dans les sous-sols du Stade de France.
Résumé de l'épisode précédent :
Pardonnez-leur, car l'épuisement physique et l'avachissement neuronique ont
fait que les paris ont dépassé leur pensée.
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Après une journée de dur labeur à extraire la terre du tunnel, l'équipe est
éreintée.
Le tas de terre qui envahit le local commence à poser un sérieux problème.
Arthur propose d'évacuer progressivement la terre par la cuvette des
toilettes. Malgré les protestations de Peggy qui craint que l'on ne raye la
cuvette qui lui sert de bac à douche, la proposition est acceptée.
Gras-Double est affecté au tirage de la chasse pendant que les autres font la
chaîne des poignées de terre.
Une heure de ce travail suffit à tout boucher.
Épuisés, ils décident de remettre au lendemain le débouchage de la
canalisation.
Tous s'écroulent au sol pour une nuit réparatrice.
Avant de s'endormir, JT branche sa radio pour les trois minutes quotidiennes,
car les piles, à l'instar de l'équipe, commencent à présenter des signes
évidents de fatigue.
D'après les entraîneurs des équipes du Maroc et du Cameroun, la Fifa n'a pas
eu la main heureuse en voulant tester pour la coupe du monde des arbitres non
voyants. De plus, les arbitres en question aggravent leur cas en refusant
systématiquement de consulter les phases de jeu litigieuses sur des écrans de
télé en braille, mis gracieusement à leur disposition.
Arthur décrète le couvre-feu et éteint toutes les bougies par souci
d'économie. La pièce est envahie par le calme, très légèrement perturbé par les
monstrueux ronflements germaniques d'Adolphe.
Soudain des ronflements sont accompagnés de gloussements et des bruits de
mastication.
Inquiet, Arthur rallume une bougie. Il découvre Peggy, vautrée
langoureusement sur Gilberto.
Arthur : Dis donc Peggy, tu évites de perturber mes joueurs, s'il te
plaît.
Peggy : C'est pas ma faute, je suis en pleine ovulation, j'ai le minou
surchauffé.
Arthur lève les yeux au ciel.
Gilberto : Tou veux oune bougie pour té réfroidir ?
Peggy : Petit cochon ! De toute façon, je préférerai ton gros cierge
pascal.
Gilberto : Ma… Tou te trompe, moi yé m'appelle Gilberto. Dé toutes
façons, yé préfère les garçons.
Peggy : Ah, s'cuse moi !
Peggy se tourne de l'autre côté.
Gilberto : Y a pas de mâle.
L'affaire de mœurs étant réglée, Arthur cherche l'origine du bruit de
mastication.
Telle la statue de la Liberté éclairant le monde, il fait le tour de la
pièce.
Sidéré, il trouve Gras-Double, les yeux hallucinés, roulé en boule dans un
coin, occupé à mâcher consciencieusement le cuir du ballon de foot.
Skar